Aller au contenu

Burning Days

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Burning Days

Titre original Kurak Günler
Réalisation Emin Alper
Scénario Emin Alper
Musique Stefan Will
Acteurs principaux

Selahattin Paşalı

Sociétés de production 14 Films
Ay Yapim
Pays de production Drapeau de la Turquie Turquie
Drapeau de la France France
Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau de la Grèce Grèce
Drapeau de la Croatie Croatie
Genre Drame
Durée 129 minutes
Sortie 2022

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Burning Days (Kurak Günler) est un film turc réalisé par Emin Alper, sorti en 2022.

Un jeune procureur sans expérience, Emre, vient d'être nommé dans une ville perdue d'Anatolie. La ville, rongée par la corruption, souffre de coupures d'eau et les terres sont ravagées par la formation de dolines —  gouffre créé à la suite d'une érosion brutale et circulaire pouvant aller de dix à cent mètres de diamètre — jusqu'en ville. La surexploitation des nappes phréatiques fait l'objet d'enquêtes et de poursuites judiciaires qui mettent en danger la réélection de la municipalité en place. Après des approches pour le circonvenir en mettant en avant le décalage des lois définies à Ankara, et la vie telle qu'elle se pratique dans une petite ville éloignée de tout, Emre va tomber dans un piège que lui tendent ceux dont les intérêts et les privilèges sont menacés et se retrouve mêlé à une affaire de viol d'une jeune Rom[1],[2],[3].

Fiche technique

[modifier | modifier le code]

Icône signalant une information Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

  • Titre original : Kurak Günler
  • Titre international : Burning Days
  • Réalisation et scénario : Emin Alper
  • Première assistante-réalisatrice : Damla Kirkali
  • Musique : Stefan Will
  • Décors : Nadide Argun
  • Costumes : Öykü Ersoy
  • Direction artistique : Ceyda Yuceer
  • Photographie : Hristos Karamanis
  • Montage : Eytan Ipeker et Özcan Vardar
  • Son : Kresimir Rodic
  • Production : Kerem Çatay et Nadir Öperli
    • Coproduction : Michael Weber, Yorgos Tsourgiannis, Maarten Swart, Fatih Sakiz, Laurent Lavolé, Anita Juka, Viola Fügen, Stienette Bosklopper
    • Production associée : Irem Akbal, Paulina Krizic, Cigdem Mater, Nikos Moutselos, Maya Scherr-Willson, Laura Sinovcic
  • Sociétés de production : 14 Films, Ay Yapim
  • Sociétés de distribution : Bir Films (Turquie), Memento Distribution (France), Microkosmos (Grèce), Trigon-Film (Suisse)
  • Budget : n/a
  • Pays de production : Drapeau de la Turquie Turquie, Drapeau de la France France, Drapeau de l'Allemagne Allemagne, Drapeau de la Grèce Grèce, Drapeau de la Croatie Croatie
  • Langue originale : turc
  • Genre : drame
  • Durée : 129 minutes
  • Dates de sortie :

Distribution

[modifier | modifier le code]

Icône signalant une information Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

  • Selahattin Paşalı : Emre Gündüz, le procureur
  • Ekin Koç : Murat Körükçü, le journaliste (propriétaire du journal La Voix de Yankiklar), opposant au maire, fils adoptif de l'ancien maire
  • Erol Babaoğlu : Şahin Oztürk, fils du maire et avocat
  • Erdem Şenocak : Kemal Gülçay, ami de Sahin et dentiste
  • Nizam Namidar : Selim Oztürk, le maire
  • Sinan Demirer : Ilhan, le commissaire de police
  • Selin Yeninci : Zeynep, la juge
  • Eylül Ersöz : Huriye Bozak, dite « Pekmez »
  • Ali Seçkiner Alici : Yavuz Bozak, père de Pekmez
  • Onur Gürçay : le docteur
  • Hatice Aslan : la mère d'Emre[4]

Genèse et développement

[modifier | modifier le code]

Le réalisateur turc Emin Alper cite Un ennemi du peuple, pièce de Henrik Ibsen, comme l'une de ses principales sources d'inspiration[5]. Ibsen, dans sa pièce, utilise un microcosme. Yaniklar, ville fictive où se déroule le film, est un microcosme de la Turquie.

Emin Alper explique une des thématiques du film : « La pénurie d'eau en Turquie devient de plus en plus problématique. Et les dolines [...] constituent un vrai problème en Anatolie centrale. Avec la disparition des nappes phréatiques, le nombre de dolines augmente rapidement et crée un réel danger pour les populations. Mais malgré ce danger, la surconsommation d'eau se poursuit »[6],[7].

Sur le plan politique, Emin Alper part d'un constat qu'il met en évidence dans le film : « On peut toujours avoir le courage et l'envie de se battre contre des politiciens corrompus et autoritaires, mais quand on voit que ces gens sont populaires et qu'ils sont réélus par le peuple encore et encore, on se sent désespéré, et isolé. » Il pourrait être découragé, mais néanmoins, il veut continuer à se battre en dénonçant la « montée des populismes autoritaires »[6].

L'Anatolie centrale, où se déroule l'intrigue et dont le réalisateur est originaire, « est la partie la plus conservatrice du pays, là où l'on vote à 70 % pour Erdoğan »[7].

Interprètes

[modifier | modifier le code]

Selon Isabelle Arnaud de Unification France, « Selahattin Paşalı est magnifique en jeune procureur voulant bien faire les choses. Il incarne parfaitement un personnage possédant une certaine ambiguïté et offre le portrait passionnant d’un homme non manichéen. Ekin Koç est très intéressant en journaliste local se rapprochant de lui. Erdem Şenocak est excellent en fils du maire suivant ses propres lois »[8].

Le film est tourné à Kayseri, au pied du mont Erciyes, en Anatolie centrale.

Cumulé en semaines d'exploitation[9],[6]:

Pays ou région Box-office Date d'arrêt du box-office Nombre de semaines
Drapeau de la France France 136 358 entrées 2 août 2023 14
Drapeau de la Turquie Turquie 250 000 entrées en cours

Pour son premier jour d'exploitation en France, Burning Days réalise 10 071 entrées, dont 5 739 en avant-premières, pour un total de 301 séances proposées[10]. En comptant pour ce premier jour les avant-premières, le film se positionne en cinquième place du box-office des nouveautés pour sa journée de démarrage, derrière Misanthrope (10 515) et devant Beau Is Afraid (9 199)[11].

Au bout d’une première semaine d’exploitation dans les salles françaises, le long-métrage totalise 45 633 entrées, pour 2 004 séances proposées. Si l'on ne tient pas compte des avant-premières, alors Burning Days figure en dix-septième place au box-office hebdomadaire, derrière John Wick : Chapitre 4 (48 526) et devant Beau Is Afraid (30 708)[12].

Burning Days
Score cumulé
SiteNote
Allociné 3,7/5 étoiles
Compilation des critiques
PériodiqueNote
Écran Large 3,7/5 étoiles
L'Obs 3/5 étoiles
Le Journal du dimanche 3/5 étoiles
Première 4/5 étoiles

En France, le site Allociné propose une moyenne de 3,75, fondée sur 23 critiques de presse[13].

Pour Bande à part (magazine), Nadia Meflah parle d'un film « solaire et sombre, ce thriller politique met en lumière, au risque de se brûler, ce qui se joue depuis le trop long mandat de Recep Tayyip Erdoğan, à savoir l'institutionnalisation de la corruption doublée d'un système de terreur. »[14].

Selon Judith Beauvallet du site Écran Large, il s'agit d'un film « dont la colère sourde s'exprime au travers d'une mise en scène envoûtante et d'un casting parfait. Burning Days se sert du réel, et du réel seulement, pour créer de l'épouvante autour d'une situation sociale et politique alarmante. Un séduisant cauchemar. »[15].

Pour Jérôme Garcin (L'Obs), « La force de ce film au scénario dédaléen, qui réconcilierait Nuri Bilge Ceylan et Asghar Farhadi, repose aussi sur ses équivoques : qui manipule qui ? Le chevalier blanc est-il vraiment si blanc, et son allié journaliste, si sincère ? »[16].

Pour Étienne Saurin (Le Figaro) « Burning Days, présenté au dernier Festival de Cannes dans la section Un certain regard, tient du western et du thriller paranoïaque. Plus Emre enquête et envoie les notables en prison, plus il construit lui-même le piège qui finira par l'enfermer. A voir. »[17].

Selon Stéphanie Belpêche (Le Journal du dimanche) « Emin Alper impressionne avec sa mise en scène, qui brille par son découpage des plans remarquable et orchestre une montée en puissance progressive. Jusqu’à flirter avec le western. »[18].

Pour Thierry Chèze (Première) : « Burning Days raconte le choc tellurique entre Turquie d’en haut et d’en bas, entre progressisme et populisme, où tous les coups semblent permis pour que rien ne change, sur fond de masculinité toxique. Le tout dans une ambiance de pur cauchemar où, par une réalisation inspirée, le réalisme flirte régulièrement avec le fantastique. »[19].

Selon Yves Jaeglé du Parisien, le film « joue sans les nommer sur les tabous de la Turquie sous pouvoir islamique, comme une homosexualité refoulée ou inavouable. « Burning Days » ne trace pas de frontière trop simpliste entre les bons qui ne le sont pas parfaitement, et les méchants qui eux le sont sans limites »[20].

Le journaliste Dieter Oßwald se montre enthousiaste sur Programmkino.de : "Ce thriller politique à suspense sur l'abus de pouvoir, la manipulation et la morale s'avère être une véritable perle du cinéma. Le puzzle de l'histoire se met en place de manière raffinée grâce à des flashbacks. Les secrets des personnages sont de plus en plus dévoilés et, comme dans un kaléidoscope, les histoires du passé forment une nouvelle image."[21]

Controverse

[modifier | modifier le code]

À sa sortie, le film fait polémique parce qu'il suggère une attirance homosexuelle entre deux personnages[1]. Il est accusé par le gouvernement turc de « propagande LGBT »[22]. En effet, le personnage du jeune procureur est pris en tenaille entre un journaliste homosexuel, dont la rumeur les a déclarés proches, qui lui révèle que la mairie a enterré des rapports d'expertise sur la gestion de l’eau, et le piège tendu par des notabilités, mis en cause dans le scandale, l'associant au viol d'une jeune Rom[23],[3].

Le ministère de la Culture turc exige le remboursement des aides accordées au film, sous le prétexte que le film n'a pas suivi le scénario qui leur était présenté, qui ne mentionnait pas d'homoérotisme[24],[25],[6].

Distinctions

[modifier | modifier le code]

Récompenses

[modifier | modifier le code]

Sélections

[modifier | modifier le code]

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b (en) « The film ‘Burning Days’ is a grim reflection of Turkey's current political situation », sur Global Voices, (consulté le ).
  2. « Au cinéma : "Le Jeune imam", "Burning Days", "Beau Is Afraid", "La Marginale", "Showing up", "Temps mort"..." », sur Radio France, France Inter, Le Masque et la Plume, (consulté le )
  3. a et b Marco Pierrard, « Burning Days", désertification morale », sur Citazine.fr, (consulté le )
  4. Elle apparaît sur l'écran d'un ordinateur lors d'un appel vidéo entre Emre et sa mère.
  5. Etienne Sorin, « Notre critique de Burning Days : tête de Turc », sur Le Figaro, (consulté le )
  6. a b c et d Laëtitia Forhan, « Ce thriller haletant a fait polémique en Turquie : Burning Days sort aujourd'hui au cinéma », sur Allociné, (consulté le )
  7. a b et c Norbert Creutz, « Burning Days sonde les gouffres de Turquie », sur LeTemps.ch, (consulté le )
  8. « Burning Days : La critique », sur UnificationFrance.com, (consulté le )
  9. « Box Office du film Burning Days - AlloCiné », sur allocine.fr, (consulté le )
  10. Tanguy Colon, « Box-office 1er jour : Notre tout petit petit mariage talonné par Le Jeune Imam », sur boxofficepro.fr, (consulté le )
  11. Brigitte Baronnet, « Box-office : face à Ahmed Sylla et Camille Lou, Le Jeune imam crée la surprise pour le 1er jour France », sur Allociné, (consulté le )
  12. Tanguy Colon, « Box-office hebdo : Super Mario Bros file vers les 6 millions d’entrées », (consulté le )
  13. « Critiques presse pour le film Burning Days », sur Allociné (consulté le ).
  14. Nadia Meflah, « Burning Days d'Emin Alper », sur bande-a-part.fr, (consulté le )
  15. Judith Beauvallet, « Burning days : critique d'un brûlot brûlant », sur ecranlarge.com, (consulté le )
  16. Jérôme Garcin, « Burning Days, Beau is Afraid, Quand tu seras grand… Les films à voir (ou pas) cette semaine », sur L'Obs, (consulté le )
  17. Étienne Saurin, « Beau is afraid, Misanthrope, Burning days... Les films à voir ou à éviter cette semaine », sur Le Figaro, (consulté le )
  18. Stéphanie Belpêche, « Les films à voir ou à éviter la semaine du 26 avril », sur Le JDD, (consulté le )
  19. Thierry Chèze, « Beau is afraid, Misanthrope, Le Jeune Imam: Les nouveautés au cinéma cette semaine », sur Première, (consulté le )
  20. Yves Jaeglé , « « Burning Days » : un film noir, couleur ténèbres, sur la Turquie », sur LeParisien.fr, (consulté le )
  21. (de) « Burning Days – Programmkino.de » (consulté le )
  22. « «Burning Days», brûlant », sur Libération (consulté le )
  23. « « Burning Days » : une Turquie gangrenée par le populisme et la corruption face à la caméra d’Emin Alper », sur LeMonde.fr, (consulté le )
  24. « Avec sa tension homoérotique, le film “Burning Days” déclenche les foudres du gouvernement turc », sur Les Inrockuptibles, (consulté le ).
  25. Cerise Sudry-Le Dû, « En Turquie, un film accusé par le gouvernement de "propagande LGBT" crée la polémique dans le pays », sur francetvinfo.fr, En direct du monde, (consulté le ).
  26. a et b (tr) « Kurak Günler / Burning Days », sur Festival international du film d'Ankara (consulté le ).
  27. Palmarès, sur festival-polar-cognac.fr, consulté le 12 mars 2024
  28. « Kurak GünlerBurning Days », sur Everybody's Perfect (consulté le )

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Baptiste Roux, « Non, ce pays n'est pas pour le jeune homme », Positif, no 747, Institut Lumière/Actes Sud, Paris, , p. 14-16, (ISSN 0048-4911)
  • Propos d'Emin Alper recueillis par Emmanuel Raspiengeas et Baptiste Roux , « Emin Alper : « J'aime m'attacher à des êtres au bord du gouffre » », Ibid., p. 17-21

Liens externes

[modifier | modifier le code]